Tentatives de suicide concertées: deux adolescentes corses dans un état critique© AFP
La façade d'un des deux immeubles à Ajaccio duquel l'une des adolescentes s'est défenestrée, le 24 mai 2007Deux adolescentes de la même classe d'un collège, âgées de 14 et 15 ans, se trouvaient jeudi soir dans un état critique après s'être défenestrées chacune de l'appartement de leurs parents à Ajaccio, à l'issue de défis par écrit et d'un coup de téléphone qui a déclenché leur geste concerté.
La première, une jeune fille de 14 ans, a sauté vers 19h30 du 3e étage d'un appartement en plein cours Napoléon, l'artère principale du centre ville, la seconde, âgée de 15 ans, l'a imitée quelques minutes plus tard du 2e étage d'un immeuble d'un quartier périphérique, a expliqué à l'AFP le procureur de la République d'Ajaccio, José Thorel.
"Les enquêteurs tentent de contacter d'urgence les parents de tous les élèves de la même classe pour éviter une contagion si jamais il s'agissait d'un jeu de défis morbides tels que l'on peut en trouver dans tout le pays sur internet, dans les blogs de collégiens ou lycéens", a ajouté dans la soirée le magistrat, qui a ouvert une "enquête préliminaire en incitation au suicide" après cette "double tentative concertée".
"On ne connaît pas encore les raisons de leur geste et cela reste une simple hypothèse de travail mais on ne pouvait pas prendre le risque de ne pas contacter tous les parents", a confirmé un haut responsable de la police à l'AFP. "Un bataillon de policiers est en train de contacter tous les parents après qu'une liste des élèves nous a été remise par le principal du collège", a-t-il ajouté.
Une résidence en périphérie d'Ajaccio où l'une des adolescentes s'est défenestrée, le 24 mai 2007"Il s'agit de deux tentatives de suicide concertées parce que nous avons recueilli un témoignage selon lequel elles se sont parlé au téléphone juste avant que la première ne saute, l'une disant à l'autre +Tu sautes, je saute+", a poursuivi M. Thorel.
"Les deux adolescentes ont été conduites d'urgence à l'hôpital où elles se trouvent toujours dans un état critique", a ajouté le magistrat à 21h30.
Les deux adolescentes ont commis leur geste à l'insu de leurs parents, qui se trouvaient dans les deux appartements au moment du drame, selon le responsable policier.
"Nous avons trouvé chez chacune d'elles, dans leurs sacs, des petits mots écrits, du même genre que ceux que l'on s'échange en classe, et qui semblent être des provocations au suicide", a indiqué M. Thorel, qui n'a pas précisé si les mots laissaient percevoir les motifs de ces tentatives de suicide.
"Ce sont de petits bouts de papiers pliés, comme ceux que s'échangent en classe les enfants, sur lesquels, en substance, il était écrit +c'est ce soir que je saute, toi t'es pas cap...+", a précisé à l'AFP le haut responsable de la police.
"Cela pourrait ressembler à un défi, un jeu morbide, on vérifie s'il n'y a pas d'autres mots qui ont circulé dans la classe", explique un enquêteur à l'AFP. "Nous avons toute une armée de policiers qui contactent les parents, par précaution", a-t-il insisté. "Nous tentons de nous assurer qu'il ne s'agit pas d'un jeu, d'une sorte de chaîne morbide", a ajouté le haut responsable de la police.
Les policiers de la Sécurité publique d'Ajaccio, chargés de l'enquête, n'excluent pour autant aucune autre hypothèse, a précisé M. Thorel, ajoutant qu'une des deux jeunes filles était "suivie sur le plan psychiatrique".
Une des deux adolescentes a laissé une lettre à sa mère, a précisé le haut responsable de la police, sans plus de détail.