Le G8 promet des milliards à l'Afrique et coince sur le Kosovo
08 juin 16:59 - HEILIGENDAMM (AFP) - Les pays du G8 ont promis vendredi de débloquer des milliards de dollars pour aider l'Afrique notamment dans la lutte contre les pandémies, au dernier jour d'un sommet où la Russie a refusé une tentative de compromis dans le dossier épineux du Kosovo.
Les membres ou invités du G8 face aux photographes le 8 juin à Heiligendamm
AFP - Guido Bergmann
Le forum des huit principaux pays industrialisés a aussi agité la menace de nouvelles sanctions contre l'Iran si le régime des mollahs poursuit son programme nucléaire et demandé que les responsables d'atrocités sur les civils au Darfour soient poursuivis.
Régulièrement accusé de négliger l'Afrique, le G8 a tenté de reprendre l'initiative en promettant "60 milliards de dollars" au continent noir pour la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
La moitié sera prise en charge par les Etats-Unis qui avaient déjà promis fin mai un doublement de leur aide dans ce domaine à 30 milliards de dollars.
Les Etats-Unis, l'Allemagne, la Russie, la France, le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et l'Italie ont aussi réaffirmé leur engagement pris il y a deux ans à Gleneagles de doubler le montant de leur aide à l'Afrique en 2010 par rapport à 2004. Ce qui représenterait une enveloppe supplémentaire de 50 milliards de dollars par an à cette date.
"Nous sommes conscients de nos obligations et souhaitons tenir les promesses", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, hôte du sommet de Heiligendamm.
Photo de famille du G8 avec les dirigeants des pays émergents le 8 juin 2007 à Heiligendamm
AFP - Patrick Kovarik
Plusieurs pays du G8 avaient semblé traîner les pieds et les ONG redoutaient que la promesse de Gleneagles soit remise en cause à Heiligendamm.
Six chefs d'Etat africains ont été invités à la clôture du sommet vendredi, dont le président américain George W. Bush a manqué une partie en raison de maux d'estomac.
Toutefois, les militants du développement se sont dits déçus du fait de l'absence de calendrier précis pour le versement des 60 milliards de dollars, qui devront être versés "au cours des prochaines années".
Les pays riches ont réalisé "une très faible avancée, alors qu'un pas de géant est nécessaire", a regretté Max Lawson, d'Oxfam.
La présidence allemande du G8 peut malgré tout se féliciter des progrès dans l'aide aux pays pauvres, au lendemain d'une demi-percée sur le climat. En revanche, les pays du forum n'ont pu que constater leurs divergences sur l'avenir du Kosovo, dont l'indépendance est refusée par la Serbie et la Russie.
"Les vues continuent à diverger sur le fond et sur la manière d'avancer", a reconnu la présidence allemande du G8 vendredi.
Les pays du G8 ont promis vendredi de débloquer des milliards de dollars pour aider l'Afrique notamment dans la lutte contre les pandémies, au dernier jour d'un sommet où la Russie a refusé une tentative de compromis dans le dossier épineux du Kosovo.
Les membres ou invités du G8 face aux photographes le 8 juin à Heiligendamm
AFP - Guido Bergmann
Le forum a discuté à Heiligendamm d'une proposition française visant à reporter de six mois tout vote d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'avenir de la province serbe, mais avec pour préalable que Moscou en reconnaisse le caractère inéluctable de l'indépendance à terme.
Les tensions entre Moscou et l'Occident ont été palpables tout au long du sommet, avec la crise autour du bouclier antimissile américain. A ce sujet, le président Vladimir Poutine n'a pu s'empêcher de provoquer les Etats-Unis au dernier jour du sommet, en leur suggérant de le déployer en Turquie ou même en Irak.
Le Premier ministre britannique Tony Blair pour sa part a dit à l'homme fort du Kremlin que la Russie commençait à faire "peur" en Occident.
Sur le Darfour, les pays du G8 ont appelé à ce que les auteurs d'"atrocités" commises contre les civils soient "traduits en justice".
Les grandes puissances ont aussi ont menacé Téhéran de "nouvelles mesures" si l'enrichissement de l'uranium se poursuit. L'Iran fait déjà l'objet de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU à cause de son refus d'obtempérer aux injonctions de la communauté internationale.